Méditations lunaires
Illustration : Jweinshank
Il y a cette curiosité astronomique qui fait que le rapport entre la rotation lunaire sur elle-même et sa révolution autour de la Terre, a pour conséquence que nous en voyons toujours la même face.
À cela se rajoute cette autre bizarrerie qui fait que les diamètres apparents de nos deux luminaires sont sensiblement égaux, ce qui nous permet de bénéficier, de temps à autre, de spectacles d’éclipses totales, lunaires comme solaires.
Face à ces faits troublants, comme face à tant d’autres, plusieurs attitudes se rencontrent.
Force est de constater, que dans notre société moderne, la plus courante sera sans doute l’indifférence.
L’homme, aveugle, semble inconscient de la curiosité de l’univers qui l’entoure, et, complètement désenchanté, en vient même parfois à se plaindre d’une vie trop terne, trop prévisible, trop lassante.
Et cela à la hauteur (ou plutôt bassesse) de sa pauvreté spirituelle. Incapable, qu’il est, de prendre conscience des mystères qui l’entourent.
Le plus grand de ces mystères étant pourtant la nature humaine elle-même.
Mystère assez vaste et nébuleux pour satisfaire les esprits les plus avides de curiosités.
Certains arriveront néanmoins à cultiver un regard plus lucide et clairvoyant, et sauront s’émerveiller du monde qui les entoure. Cela même souvent avec passion et enthousiasme.
On pourra alors chercher à comprendre ces mystères que nous constatons.
C’est l’attitude du « sage », du savant ou du philosophe, qui voudra deviner les lois de la nature en observant et analysant le monde extérieur, comme son monde intérieur.
Il peut y trouver l’inspiration de lois naturelles, comme autant d’imitations conceptuelles des mouvements universels, tels qu’ils se montrent à l’œil humain.
Ou encore, il peut y voir l’action de quelques divinités transcendantes, dictant à l’univers la conduite à suivre.
Mais on pourra aussi, comme le poète ou l’artiste, se satisfaire d’une approche plus contemplative et apprendre à admirer avec émerveillement, ces mystères d’une nature bien envoûtante, sans pour autant chercher à les comprendre.
Cela pour ensuite pouvoir chanter autant d’hymnes à la beauté de l’univers dans toute sa virulence, son harmonie et son si surprenant équilibre.
Ces deux dernières approches ne s’excluent pas, bien évidemment, mais bien souvent se rejoignent, se nourrissant l’une de l’autre et permettant l’une comme l’autre de s’extraire d’un certain marasme spirituel.
« Rien n’est indigne pour une intelligence grande et simple : le moindre phénomène de la nature, s’il y a mystère en lui, deviendra, pour le sage, inépuisable matière à réflexion. » (Isidore Ducasse, « Les chants de Maldoror »)
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